À période exceptionnelle, dispositif exceptionnel. La maison de champagne Ruinart a présenté le millésime 2011 de sa cuvée millésimée via l’application Zoom. Livrée la veille avec un verre et un carnet de dégustation, la bouteille était surtout entourée d’une inédite couche de protection blanche.
Mercredi 11h, Frédéric Panaiotis apparaissait à l’écran pour une présentation certes à distance mais qui n’a pas empêché les échanges avec l’auditoire.
Le nouvel étui seconde peau
La maison Ruinart qui appartient au groupe LVMH est engagé dans une démarche de réduction de son empreinte carbone et Frédéric Panaiotis a rappelé un chiffre que j’avais déjà entendu : la bouteille et son packaging sont responsable de 30% des émissions carbonne.
Cette enveloppe fabriquée à partir de papier éco-sourcé (forêts menées en développement durable) permet de diminuer de 60% l’empreinte carbone du packaging : de 360g pour un étui classique, on passe à 40g (9x plus léger). Ce nouvel étui seconde peau a vocation à remplacer tous les étuis de R, R millésime, Blanc de Blancs, Rosé. Il protège le blanc de blancs dont la bouteille transparente rend le contenu sensible aux UV et résiste à l’eau donc on peut le laisser dans le sceau à glace.
Je ne suis pas consommateur de gift box donc je ne suis pas concerné mais toute initiative visant à réduire l’empreinte carbonne de l’industrie doit être saluée.
Cet étui sera présenté en avant première à la Grande Epicerie de Paris (le Bon Marché) du 15 septembre au 15 octobre !
Le millésime 2011 en Champagne
Frédéric Panaiotis a ensuite fait la rétrospective du millésime 2011.
On peut voir sur le graphique que les principaux indices sont dans la moyenne décennale. Le printemps estival a provoqué l’accélération du cycle végétatif, les précipitations estivales ont été beaucoup plus importantes que la moyenne décennale (mais l’été n’a pas été frais donc il n’y a pas eu de ralentissement de la maturation). Les premiers secteurs ont été vendangés le 19 août mais pour le gros de la champagne, c’est le 26 août que les vendanges ont débuté. Il s’est écoulé 89 jours entre la floraison et la vendange (en 2019, on est descendu à 82 jours, un record !)
Le degré d’alcool était légèrement en dessous de la moyenne décennale, l’acidité dans la moyenne et on peut également noter que l’acide gluconique et le glycérol étaient plutôt faible, ce qui montre que le botrytis n’a pas été aussi développé qu’on aurait pu le craindre. Nous sommes donc loin de l’année catastrophique !
R 2011 de Ruinart
Composé à 51% de Chardonnay (davantage Côte des blancs que Montagne de Reims) et 49% de Pinot Noir, le champagne est dosé en extra brut (mais la mention brut demeure) et la bouteille dégustée a été dégorgée en février 2019.
Frédéric Panaiotis rappelle que chez Ruinart, on n’aime pas le côté malo donc il y a un gros travail pour éviter le « trait lactique » qui peut d’ailleurs se développer dès la fermentation alcoolique.
C’est la qualité des raisins de chardonnay qui a conduit la maison à déclarer ce millésime globalement boudé en champagne (tout comme pour le millésime 2010 qui a vu naître des chardonnay exceptionnels).
Dégustation
Le nez est très frais, sur des arômes floraux légers, les fruits blancs, des agrumes, c’est ciselé. Des notes végétales apparaissent ensuite, signe d’une année plus fraiche, avec des arômes de thé vert, de tilleul. Enfin, après quelques minutes dans le verre, des arômes exotiques (papaye) et de discrètes épices entrent en jeu.
En bouche, il y a de l’onctuosité et une certaine épaisseur mais c’est tendu. En fin de bouche, il y a pour mon palais un léger déséquilibre et compte tenu du profil aromatique du vin, je serais curieux de voir ce que donnerait un dosage légèrement plus bas.
C’est un champagne élégant, très bien élaboré, mais comme je navigue dans le monde des champagnes de vignerons qui ont plus de caractère et résultent de choix d’élaboration plus audacieux, je ne peux m’empêcher de trouver ce R.2011 un peu trop discret et consensuel. Mais il y a des publics et des occasions pour lesquels cela se prête et la diversité des profils de champagne fait la richesse de la région !
Quels accords mets / vins ?
Du côté des accords mets/vins, Frédéric Panaïotis nous indique que cela a bien fonctionné avec du tourteau ou une araignée de mer sur lit d’avocat, julienne de granny smith et fraines de coriandre, ou encore avec un carpaccio de Saint Jacques à la bergamotte.