Grand Bourgogne Hôtel : La Bourgogne accessible

Il y a quelques semaines, le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) organisait à Paris la première édition d’une opération destinée à la presse et aux acheteurs : le Grand Bourgogne Hôtel. L’objectif était de montrer que la Bourgogne pouvait encore être accessible et ne se résumait pas qu’aux grands crus qui affolent régulièrement les enchères.

Pour cela, le BIVB a investi la maison des Polytechniciens rue de Poitiers (à 700m de la rue de Bourgogne 😉) et a créé un hôtel avec sa réception, ses grooms, ses suites. Les participants étaient invités à :

  • Déambuler au sein des 50 « chambres » dans lesquelles des vignerons venus de toutes les sous-régions de la Bourgogne présentaient des vins à moins de 15€
  • Déguster librement une quarantaine de vins issus de la cave de prestige du BIVB (une sélection d’Aligotés, une sélection de Chablis, une selection de vins du Maconnais avec dénomination géographique, et une selection de vins d’appellations Bourgogne avec dénomination géographique)
  • Participer à divers ateliers : accords mets-vins autour d’Aligotés, un escape game sur le thème des vins de Mâcon avec dénomination géographique, la comparaison rive droite / rive gauche à Chablis et un atelier d’immersion en réalité virtuelle dans les terroirs Bourgogne avec dénomination géographique.

Partons dans ce premier article à la découverte de vins à moins de 15€ ! À la fin de l’article, vous trouverez dans un encart mon entretien avec Anne Moreau, vice-présidente de la commission communication du BIVB.

Vins de Bourgogne à moins de 15€

 

Ayant participé à divers ateliers, je n’ai pas pu déguster chez tous les vignerons qui avaient fait le déplacement mais j’ai essayé de déguster des vins provenant d’appellations variées pour proposer une sélection représentative de la diversité de la Bourgogne !

Les Champs de Thémis (Bouzeron, 71)

 

Bouzeron est une exception dans le paysage bourguignon puisqu’il est le seul village à pouvoir donner son nom à un vin produit à partir du cépage Aligoté. Xavier Moissenet, gérant du domaine conduit ses vignes en bio. Il avait notamment apporté deux Bouzeron parcellaires très différents l’un de l’autre.

Bouzeron « Les Clous » 2016, blanc – vignes assez jeunes (40 ans) installées sur un versant qui regarde à l’est au sol caillouteux. Vinification en cuve. Des arômes exotiques au nez, fleurs blanches, silex, très frais en bouche avec une belle acidité et de légers amers dans la finale salivante.

Bouzeon ‘Les Corcelles » 2016, blanc – vignes plus vieilles (80 ans) installées sur un versant qui regarde à l’ouest. Vinification en fûts. L’attaque est ronde, le vin est plus riche, plus complexe, moins frais. La longueur en bouche est plus importante que le vin précédent, légèrement lactée.

Mercurey « les Bosebuts » 2017, rouge – Un joli Mercurey sur la finesse, les fruits rouges croquant (la groseille). La jeunesse permet une fraicheur, une pureté et un éclat de fruits vraiment agréables !

Domaine la Croix Montjoie (Vezelay, 89)

 

Vézelay a été sous le feux des projecteurs dernièrement puisqu’après avoir obtenu l’appellation Bourgogne Vézelay en 1998, elle a obtenu la création de l’appellation Vézelay en 2017 et qu’elle a accueilli la Saint-Vincent Tournante en janvier dernier.

Le domaine La Croix Montjoie exploite 10 hectares de chardonnay sur un coteau du village de Tharoiseau.

Vézelay l’Impatiente 2017, blanc – Sol argileux, élevage 9 mois en cuve inox. Belle fraicheur, un joli Bourgogne fruité. 10€

Bourgogne Vezelay l’Élégante 2016, blanc – Sol calcaire, élevage 75% cuve et 25% en fûts anciens. Au nez, notes d’agrumes et de noisette, Un vin très minéral avec une belle acidité. Pointe de salinité en finale. 12,5€

Vézelay La Voluptueuse 2017, blanc – Parcelle exposée plein sud, élevage de 12 mois à 100% en fûts (dont 20% de fûts neufs). Très concentré, on sent que les raisins ont été exposés au soleil. Arômes briochés au premier nez, du gras et de la rondeur en bouche, le tout sans manquer de fraîcheur. Finale persistante. Un vin qu’il faut attendre car il est encore marqué par le bois et gagnera en complexité mais il est déjà très joli. 16€

Domaine des Poncétys (Davayé, 71)

 

Ce domaine est l’un de mes coups de coeur de l’événement. Il s’agit de la production du lycée viticole de Davayé, sous la responsabilité de Sylvain Paturaux. Le domaine exploite 16 hectares en viticulture bio dont 15 hectares sur l’appellation Saint-Véran où l’on élabore des des cuvées parcellaires pour mettre en valeur les différents terroirs. On n’utilise que des levures indigènes lors de la vinification.

Saint-Véran, Clos des Poncétys, 2017, blanc – Coteaux exposés plein sud avec des sols profonds. Aromatique sur la pêche, l’abricot. Un vin très flatteur, il y a de la matière de la rondeur et un bel équilibre. 15€

Saint-Véran, Les Chailloux, 2016, blanc – Coteaux exposés est, vigne dominant le village de Davayé entourée de vieux murs en pierre, sol calcaire / silex. Vif, avec des arômes pierre à fusil, mais aussi des arômes d’agrumes et exotiques. Plus complexe que le précédent et avec une plus grande longueur en bouche. 15€

Saint-Véran, Les Crêches, 2015, blanc – Coteaux exposés est, sol marneux. Plus chaud (effet millésime), des arômes pâte de fruits, coing, épicés. Beaucoup de matière. Très beau vin qui montre que l’on peut laisser vieillir quelques années ses Saint-Véran ! 15€

Les tarifs de la gamme vont de 10 à 24€ départ domaine.

Domaine des Rois Mages (Rully, 71)

 

J’étais ravi de pouvoir découvrir ce domaine dont j’avais entendu tant de bien dans le passé ! Géré par Felix Debavelaere (depuis 2011), le domaine des Rois Mages exploite 11 hectares de vignes et s’efforce de commercialiser ses vins blancs (élevés 12 mois) avec un millésime de décalage pour offrir des vins matures et ses vins rouges plus rapidement que d’autres vignerons pour obtenir des vins digestes qui n’ont pas vocation à vieillir trop longtemps dans les caves des consommateurs.

Rully, Clos du Moulin à vent, 2015, blanc – Vigne la plus en avance dans le cycle végétatif et la maturité des raisins, ceinte de murs, sur un sol argilo-calcaire très calcaire et tendre. Vinifié et élevé en fûts (10% de fûts neufs) avec 3/4 bâtonnages au cours de l’élevage. C’est un vin onctueux, charnu, avec un élevage en finesse. 15,5€

Rully, les Cailloux, 2015, blanc – Plateau calcaire. Un vin plus précis, tendu, qui tire sa minéralité de la profondeur à laquelle les racines doivent plonger dans les cailloux pour trouver les nutriments dont elles ont besoin. Aromatique sur les fruits secs, les fleurs blanches. 15,5€

Rully, les Cailloux, 2016, rouge – Même plateau calcaire. Un vin frais, ciselé, salivant, pas du tout en puissance. Joli fruit (framboise, mûre). Très digeste (d’une manière générale, les 2016 sont particulièrement accessibles aujourd’hui), un plaisir ! 16,5€

Domaine Ponsard-Chevalier (Santenay, 21)

 

Mon passage au stand du domaine Ponsard-Chevalier a été un vrai plaisir car Michel Ponsard est une mémoire du vignoble qui a de nombreuses anecdotes à raconter avec son accent bourguignon qui se fait de plus en plus rare. Il est engagé dans l’appellation puisqu’il a participé à la restauration du moulin de Sorine à Santenay et plus récemment au programme de restauration des anciens murs en pierres sèches dans les vignes. Sa fille Coralie Bernard a repris le domaine et est également très accueillante, je ne manquerai pas de leur rendre visite lors d’un prochain passage en Bourgogne !

Santenay, les Damelles, 2016, blanc – Un nez beurré, une jolie matière en bouche avec cet équilibre acidité / corps si réussi en 2016. Equilibre aromatique également puisque fruits blancs et notes boisées se répondent. Finale élégante. 15€

Santenay, les Charmes, 2016, rouge – Ça pinote ! Fraicheur, fruits rouges, cerises, sur la pureté, de l’amplitude mais également une certaine droiture en bouche. L’élevage est bien intégré. 15€

Maranges 1er Cru, le Clos des Loyères, 2016, rouge – Belle concentration (sol plutôt argileux), matière soyeuse avec des tannins étonnamment souples. 16€


J’ai choisi de vous parler de Vézelay, Rully, Saint-Véran ou encore Bouzeron, des appellations en périphérie du centre de la Bourgogne qu’est la Côte d’Or. Vous avez toutefois pu voir qu’on pouvait trouver des vins accessibles en Côte d’Or avec le domaine Ponsard-Chevalier et ce n’était pas le seul domaine Côte-d’orien présent sur la manifestation !


Anne Moreau BIVB
Entretien avec Anne Moreau, vice-présidente de la commission communication du BIVB et en charge de la communication et des ventes au domaine Louis Moreau à Chablis

 

Dans quel but avez-vous organisé le Grand Bourgogne Hôtel ?

 

Anne Moreau : C’est une opération de notoriété. Nous souhaitions montrer que la Bourgogne, ce n’est pas que les Grands Crus (qui ne représentent qu’1% de la production totale, NDLR), que c’est autre chose, une palette riche aux prix abordables. Les vins d’appellation régionale représentent par exemple 53% des volumes produits, nous devons les faire découvrir ! 2/3 des vins présentés par les exposants au cours de cet événement sont commercialisés à moins de 15€ TTC.

 

Le Grand Bourgogne Hotel a-t-il vocation à devenir un rendez-vous régulier ?

 

A.M. : Il est trop tôt pour en tirer un bilan. Nous attendions 400 professionnels, nous verrons si l’objectif a été atteint et analyserons les retours qualitatifs des visiteurs et des vignerons présents sur l’événement. Cela pourrait devenir un événement qui se tiendrait en alternance avec les Grands Jours de Bourgogne qui ont lieu tous les deux ans dans le vignoble. Cela marque en tout cas un recentrage sur la France, nous nous sommes trop tournés sur l’export, il y a un réel besoin de se reconcentrer sur le marché intérieur. Nous avons d’ailleurs arrêté les dégustations « Terroirs et Signatures de Bourgogne » que nous organisions au Japon, aux USA ou encore en Suède.

 

Certaines régions voient leurs ventes reculer en France, quelles sont les tendances commerciales pour les vins de Bourgogne ?

 

A.M. : Il faut déjà noter que près d’une bouteille de vin de Bourgogne sur deux est vendue en France. L’Île de France est la région qui commercialise le plus de vins de Bourgogne par point de vente, suivie par la région Centre-Est et la région Est. Dans la Grande Distribution où sont vendus 50% des vins de Bourgogne, la Bourgogne est le seul vignoble de vin tranquille en croissance (+3% 2018/2016)

 

Comment évolue la Bourgogne ces dernières années ?

 

A.M. : On observe que la démarche éco-responsable concerne tous les domaines. Bien sûr, les plus gros vont plus vite mais il y a un vrai mouvement de fond. Depuis 5 à 6 ans, on voit également des jeunes qui quittent les coopératives et décident de faire du vin à partir de leurs vignes, le tout en étant très respectueux de l’environnement. Le bio reste toutefois compliqué en Bourgogne, notamment du fait des attaques de mildiou parfois violentes (en 2016 par exemple, les viticulteurs en bio ont connu de très lourdes pertes)

 

Quels sont les projets actuels du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne ?

 

A.M. : Le projet principal est évidemment le Plan 2020, une démarche environnementale qui vise à engager nos terroirs dans le territoire, avec l’ambition de devenir la référence mondiale des grands vins nés d’une viticulture durable. Nous souhaitons également mieux communiquer sur le métier de vigneron : un premier film réalisé avec Bourgogne Live Prod à d’ailleurs été diffusé, montrant les gestes du vigneron tout au long du cycle végétatif ( https://www.youtube.com/watch?v=bShtRIRWaTA ). Nous menons également des recherches sur les cépages et les maladies afin de préparer l’avenir. Dans ce même axe, nous sommes engagés dans le Plan Dépérissement du vignoble à l’échelle nationale. (L’étude conduite par la mission FranceAgriMer-CNIV-BIPE a montré que, pour mieux lutter contre l’érosion durable des rendements et la forte mortalité des ceps de vigne, il était nécessaire de prendre en compte l’ensemble des agressions biologiques qui frappe le vignoble français (virus, champignons, bactéries, phytoplasmes…), mais aussi les stress environnementaux, les pratiques culturales, les stratégies d’exploitation ou les contraintes technico- économiques.)

7 comments on “Grand Bourgogne Hôtel : La Bourgogne accessible

  1. […] Chablis. Son cépage unique, le Chardonnay, son sous-sol kimméridgien, ses 5.500 hectares de vignes, ses 40 climats classés Premiers Crus (dont 17 principaux / porte-drapeaux), son Grand Cru qui compte 7 climats. Et sa rivière, le Serein qui divise les climats en « rive droite » et « rive gauche ». Le sujet justement d’un atelier lors du Grand Bourgogne Hôtel. […]

  2. […] Chablis. Son cépage unique, le Chardonnay, son sous-sol kimméridgien, ses 5.500 hectares de vignes, ses 40 climats classés Premiers Crus (dont 17 principaux / porte-drapeaux), son Grand Cru qui compte 7 climats. Et sa rivière, le Serein qui divise les climats en « rive droite » et « rive gauche ». Le sujet justement d’un atelier lors du Grand Bourgogne Hôtel. […]

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